Zur Startseite
Silva Semadenizoom

La prochaine génération supporte les risques des Jeux olympiques d'hiver

Le canton des Grisons veut organiser en 2022 des Jeux olympiques " soutenables ". Tandis que les nombreuses questions sur la candidature échauffent les esprits en Suisse, la candidature de Munich n'avance pas vraiment. Or, le temps presse.

«Les élites des Grisons se sont engagées elles-mêmes dans une véritable ivresse olympique», déclare Stefan Grass, directeur du comité suisse «Olympiakritisches Graubünden» (Grisons critiques des JO). Mais il est aussi convaincu que la population ne se laisse pas leurrer, même si peu de gens manifestent ouvertement leurs critiques. «Beaucoup d'entre eux se rendront aux urnes le 3 mars pour voter silencieusement contre le projet.» Les Grisons devront se prononcer sur un financement de 300 millions de francs suisses pour les JO d'hiver 2022 - soit un tiers du patrimoine du canton.
Selon un sondage, défenseurs et adversaires du projet sont à égalité à 43%. Toutefois, la majorité de la population de Davos-Prättigau, l'une des deux régions organisatrices, est opposée au projet. Les organisations environnementales émettent elles aussi des critiques vis-à-vis du projet. Un certain nombre d'entre elles, dont CIPRA Suisse, ont communiqué leur position à la Confédération. Pour le directeur de CIPRA Suisse, Christian Lüthi, «il est illusoire de croire que nous pouvons séduire le CIO avec des jeux soutenables, comme le proclament les défenseurs du projet.»
Le Conseil fédéral a accepté de contribuer avec une enveloppe d'un milliard de francs suisses au budget total de 4,5 milliards de francs. Quant au parlement grison, il a accepté de constituer des réserves à hauteur de 300 millions de francs, sur laquelle la population sera appelée à se prononcer en mars. Jusqu'à présent, l'expérience a montré que le budget prévu n'avait jamais suffi. Qui va payer le déficit ? La Confédération et le canton ont déjà opposé un refus catégorique, en soulignant que cela était du ressort de l'association de droit privé qui financerait les JO. Association qui compte parmi ses membres la Confédération, le canton et les communes. Et donc le contribuable: par conséquent, c'est la prochaine génération qui devra payer la facture.

Installation olympique à Turin : les conséquences économiques et écologiques des JO sont supportées par les générations futures. 
© Francesco Pastorelli
Installation olympique à Turin : les conséquences économiques et écologiques des JO sont supportées par les générations futures.
© Francesco Pastorelli

Les Grisons craignent un nouveau
revers pour leur candidature olympique

Les citoyens votent en février sur le projet de leur canton. Il y a trois ans, ils avaient balayé pareille tentative.

Tribune de Genève | Mercredi 28 décembre 2016

Portrait dans Le Matin 07.01.2013

Pour Silva Semadeni, le tremplin de saut à skis de Saint-Moritz, construit pour les JO de 1928, est la symbole d'une époque où les Jeux n'étaient pas encore gangrenés par le gigantisme.

Le Matin 07.01.2013

Une candidature olympique avec de nombreux points d'interrogation

Les Jeux Olympiques 2022 en Suisse coûteraient 4,5 milliards de francs à la Suisse, selon les prévisions. Voire plus encore, comme le montre l'expérience. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Les Grisons sont appelés à voter en mars 2013.

La Suisse organisera des jeux d'hiver durables, si possible sur de la vraie neige, avec des trajets courts et des compétitions sur des installations sportives existantes: c'est du moins ce que promettent les promoteurs de la candidature de la Suisse à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2022 à Saint-Moritz et à Davos.

Le montant des coûts est aujourd'hui connu: les dépenses devraient se monter à 2,8 milliards de francs suisses, soit environ 2,3 milliards d'euros, pour des recettes de 1,5 milliards de francs issues des droits de retransmission télévisée, du sponsoring et de la vente des billets. Soit un découvert de 1,3 milliards de francs, dont la Confédération serait prête à prendre en charge 1 milliard. Si l'on ajoute le coût des investissements dans les projets d'infrastructures à hauteur de 1,7 milliards de francs, la facture de l'organisation des Jeux Olympiques en Suisse se montera à 4,5 milliards de francs. Sans compter les coûts de la candidature, estimés à 60 millions de francs.

Aux yeux des défenseurs du projet, ces dépenses sont légitimées par l'impact des Jeux en terme d'image et par les profits pour l'économie nationale. La construction anticipée de projets d'infrastructure, notamment de transport, est destinée à convaincre la population des Grisons, qui est appelée aux urnes le 3 mars 2013.
Jamais encore les Jeux Olympiques n'ont pu respecter leur budget. On ne sait pas non plus si de tels Jeux «blanc» seront au goût du Comité International Olympique (CIO). Et que se passera-t-il si le changement climatique vient contrecarrer les plans des organisateurs? Pour les promoteurs de la candidature, cet argent sera toujours bien investi: même si la Suisse n'est pas sélectionnée, la candidature offre à la région une vitrine internationale.

Une piste de bob désaffectée : les grandes manifestations sportives n'ont souvent pas les effets escomptés sur l'économie.
© Julian-Nitzsche/pixelio.de
Une piste de bob désaffectée : les grandes manifestations sportives n'ont souvent pas les effets escomptés sur l'économie.
© Julian-Nitzsche/pixelio.de
 

Le Temps 08.11.2012

Le Temps 08.11.2012zoom
 

Les Jeux Olympiques d’hiver

L’analyse des expériences des villes organisatrices le montre : dans des démocraties comme les pays alpins, les Jeux Olympiques d’hiver sont dans une situation difficile. La population n’est plus prête à accepter le gigantisme effréné, les nuisances environnementales, les coûts imprévisibles et le diktat du tout-puissant CIO. Le présent recueil de témoignages, d’arguments et d’informations techniques explique pourquoi les Jeux Olympiques d’hiver n’ont plus de place dans les Alpes sous leur forme actuelle.

CIPRA DOSSIER: Les Jeux Olympiques d’hiver

Pas de JO en Suisse!

On pensait que l’expérience vécue par les pays organisateurs des derniers JO serait suffisamment douloureuse pour empêcher toute velléité d’organiser des JO en Suisse: c’est raté. Les milieux du tourisme et de l’immobilier, grimés en partisans du sport et d’une touchante amitié entre les peuples, remettent sur le tapis leur vieille lubie!
Quand est-ce qu’un véritable bilan économique, écologique et éthique des dernières compétitions olympiques sera-t-il fait? En Grèce, les jeux de 2004 ont contribué à plonger le pays dans la crise: même Jacques Rogge, président du CIO, le reconnaît. La facture des festivités s’élève à 9.6 milliards d’Euros, dont 1 milliard pour le seul système de sécurité. Les récents jeux de Londres ont coûté 11.5 milliards (quatre fois le coût au budget), et rien ne garantit qu’ils seront rentables: «Nous passons tous un bon moment, mais comme après chaque lendemain de fête, on aura la gueule de bois», estimait Georgios Kavetsos de la London School of Economics. Rappelons que Montréal avait mis 30 ans à rembourser ses olympiades.
Outre l’aspect financier, les JO sont généralement une catastrophe écologique. Chacun garde en tête ces images choquantes d’hélicoptères apportant de la neige sur les pistes de Vancouver en 2010. La journaliste Naomi Klein remarquait alors que «Les montagnes sont rasées pour y construire des pistes de ski, la faune est chassée de son habitat et les villes sont transformées en gigantesques parkings agrémentés de sushi bars». A Turin, quatre ans plus tôt, les JO ont consommé en deux semaines la même quantité d’eau qu’une ville de 600’000 habitants en un an. Une vision bien particulière du «développement durable» dont se bâfre pourtant les instances olympiques ! Il faudrait encore parler du nettoyage social effectué lors de chaque «grande fête du sport»: indigents chassés des centres-villes, petits vendeurs harcelés au nom des contrats d’exclusivités signés avec les multinationales-sponsors, explosion des prix de l’immobilier…
La Suisse n’a pas besoin de pareilles calamités. Paysage défiguré, dégagement massif de CO2, extension du réseau routier, construction de complexes hôteliers, budgets dépassés, lois d’exception liberticides façon WEF… Sans façon !

Julien Sansonnens, Conseiller communal, Vice-président du POP & Gauche en mouvement VD